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“Jersey Boys” ou les revers du rĂŞve amĂ©ricain

Aux Etats-Unis, des stations de radio oldies passent en boucle les tubes
des années 50 et 60. Elvis, Beatles ou Beach Boys sont au programme, mais aussi et surtout les one-hit wonder. ces scies que tout le monde connaît par cœur mais dont les auteurs aux noms oubliés n’ont duré qu’un ou deux étés. Aujourd’hui, qui se souvient de Dion And The Belmonts, Little Anthony And The Imperials, The Crystals, Johnny Ace, Bobby Vinton ou Little Eva. Pourtant, tout le monde connaît (même sans le savoir) TheWanderer, Tears on My Pillow ou Locomotion.

C’est à l’une de ces séries B de la pop américaine que Clint Eastwood consacre son nouveau film au titre springsteenien, adaptant à l’écran un musical à succès de Broadway. Soit donc Frankie Valli et les Four Seasons, quatre prolos italo-ricains du New Jersey qui connurent la gloire avec une petite brochette de tubes (Sherry, Big Girls Don’t Cry, Walk Like a Man… ) à l’orée des sixties, avant d’être balayés par les Beatles et la British invasion. Mélodies contagieuses, harmonies doo-wop, falsetto vibrant du leader, rythmiques allègres concouraient à l’attrait irrésistible des Four Seasons – vous verrez, à la sortie du film, leurs tubes squatteront votre cerveau pendant plusieurs jours.

Jersey Boys n’évoque pas la concurrence des Beatles et montre que les Four Seasons n’ont pas eu besoin de la vague anglaise pour dégringoler. conflits d’ego, problèmes conjugaux, dettes, cadences de travail, promiscuité des tournées, intrusion de la Mafia, tous les ingrédients habituels du cocktail qui fait imploser les groupes se sont conjugués pour détruire les Four Seasons.

A travers cette formation de second plan, Clint Eastwood raconte une histoire à la fois typiquement américaine et emblématique de l’industrie du spectacle, celle d’individus du bas de l’échelle sociale qui atteignent trop tôt et trop vite le “rêve américain”. Une fois au sommet, ils ne savent pas comment s’y maintenir, ni comment “gérer” leur fortune financièrement, psychologiquement, affectivement. Le succès ne vous apprend pas comment rendre votre épouse heureuse, ni comment éviter de dangereuses fréquentations, ni comment demeurer un groupe solidaire qui résiste aux pulsions individualistes et au temps. L’histoire des Four Seasons, c’est finalement un peu celle des Beatles, un peu celle d’Elvis, un peu celle de Marilyn.

Eastwood filme cette histoire mille fois racontée avec un classicisme souverain. Le tempo est aussi vivace que celui de Walk Like a Man. les dialogues sont lustrés à la gomina (au moment où ils choisissent leur nom. “C’est qui Vivaldi. Un chanteur concurrent. Fuck him !” ) et le vieux Clint utilise même de petits effets brechtiens (probablement empruntés à la version musical ) quand chaque membre du groupe s’adresse face caméra au spectateur (mais toujours dans le flux de l’action) avant de raconter sa portion de la story.

Le film menace parfois de se figer dans le chromo sixties mais y échappe toujours grâce à la vitesse du récit, à la fluidité de la mise en scène et à la brillance des dialogues. Grâce aussi à la prestance des acteurs, inconnus
du grand public (excepté l’immense Christopher Walken), qui reprennent tous leur rôle de la version Broadway. A la fin, tout finit en chanson, comme dans les intronisations rituelles des vieilles gloires du rock au Rock and Roll Hall of Fame. grande séquence, où l’on voit que cette institution est aussi une grande entreprise de rabibochage de musiciens souvent séparés par les rivalités.

Après le Hall of Fame, tous les personnages du film (amis, ennemis, traîtres, girlfriends larguées, épouses quittées, mafieux menaçants…) sont réunis pour un dernier tour de piste, une chorégraphie enlevée, tournée dans l’arrière-cour de Clint, le backlot des studios Warner. Artifice de musical qui dit la morale de ce feel-good movie. la même finalement que celle du Rock and Roll Hall of Fame. mettez de côté les bosses de la vie réelle, ou transformez-les en story, mais priorité au spectacle.

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